Porteurs de Projet Erasmus+ – Le partenariat/Centre Gaïa

Bureau Erasmus+ 07 décembre 2022

Caroline Arragon, Chargée de Mission ECSI et Développement Durable au Partenariat - Centre Gaïa, a répondu à plusieurs questions sur un de leurs partenariats de coopération Erasmus+ Enseignement Scolaire.

Partenariat Erasmus+ coopération mobilité

Pourriez-vous nous présenter votre structure ?

Créé en 1981, Le Partenariat est une association de solidarité internationale qui lutte contre les inégalités, pour un monde plus solidaire. L’une de ses missions est de développer une coopération à taille humaine entre des partenaires du Nord et du Sud, et de renforcer les capacités des acteurs locaux pour l’amélioration des conditions de vie des populations. L’autre mission du Partenariat est de sensibiliser les citoyens du Nord et du Sud aux enjeux du développement durable dans ses dimensions sociales, économiques et environnementales.

Crée en 2006, le Centre Gaïa est une initiative du Partenariat. Lieu d’éducation et de formation, c’est un acteur reconnu dans le paysage régional et national de l’Éducation à la Citoyenneté et Solidarité Internationale (ECSI), notamment auprès des personnes travaillant dans le secteur éducatif. Le Centre Gaïa a pour ambition de permettre à chacun·e de comprendre les mécanismes d’interdépendances et d’exclusion dans le monde et de prendre conscience de l’importance d’une démarche citoyenne. Le Centre Gaïa utilise la pédagogie active comme méthode éducative, car elle place les participant·e·s au cœur de leur apprentissage. Cette méthode privilégie les expérimentations, activités participatives et recherches collectives de solutions à des enjeux donnés.

Au Centre Gaïa, des actions de sensibilisation sont réalisées sur des thématiques diverses telles que les médias, les migrations, l’environnement, les inégalités de genre, etc. Le Centre Gaïa sensibilise principalement les publics de jeunes scolaires et hors scolaires.

 

Quelle est l’expérience de votre structure avec le programme Erasmus+ ?

Depuis de nombreuses années, le Centre Gaïa est impliqué dans des projets visant à développer de nouveaux outils pédagogiques et à partager des pratiques avec d’autres acteurs éducatifs. L’association participe à des projets à la fois en tant qu’organisation cheffe de file et en tant qu’organisation partenaire. Les secteurs ciblés ont été celui du public scolaire, principalement, ainsi que celui de la jeunesse. Lors de ces projets, des échanges et des collaborations ont régulièrement lieu entre des acteurs éducatifs (associatifs, scolaires et universitaires), y compris avec des groupes de bénéficiaires issus de ces structures. Le Centre Gaïa a une expérience assez riche de projets européens, avec pas moins de sept projets Erasmus+ différents depuis 2015 :
 Global Schools
 CLAE (Critical Literacies and Awareness in Education), piloté par l’Université de Stavanger
 Citizen Schools
 Climat, ou « Éducation au Développement Durable : Make It Work (EDD : MIW) », piloté par le GIP-FCIP
 PULSE (La pédagogie active au service de la jeunesse pour une Europe plus inclusive)
 JEU (Jouons Ensemble pour l’Union Européenne), ou « Citizen Games » en anglais
 I-CAN (International Climate Action Network), piloté par le « Liverpool World Centre 

 

Pourriez-vous présenter un de vos projets Erasmus+ ?

Projet européen Erasmus+ coopération numérique enseignement scolaireLe projet JEU (Citizen Games), piloté par Le Partenariat – Centre Gaïa, a pour objectif principal de « générer une société européenne plus inclusive et plus respectueuse, par le biais de l’éducation à la citoyenneté ». Entre 2019 et 2022, ce projet a réuni des acteurs éducatifs (associatifs et universitaires) de sept pays d’Europe.

Ce travail en consortium a permis d’élaborer deux outils éducatifs à destination du public scolaire. Ces outils sont des jeux sérieux, c’est-à-dire des petits jeux numériques à portée éducative, chacun accompagné d’un livret pédagogique et d’un manuel de formation en ligne pour les enseignants et enseignantes. Ces jeux ont été conçus pour servir de point de départ à une discussion en classe et doivent être intégrés à une séance préparée autour de la thématique abordée. Le premier jeu, « #YouToo », traite du cyberharcèlement et du cybersexisme. Le deuxième jeu, « Gender Adventure », traite des discriminations de genre dans l’espace public.

Projet européen Erasmus+ coopération numérique enseignement scolaireChacun de ces jeux a été créé selon un processus innovant en plusieurs étapes. Tout d’abord, des thématiques ont été définis puis soumis au vote de collégiens et de lycéens à travers les pays partenaires pour identifier ceux qui seraient retenus pour la suite. Des étudiants et étudiantes des universités partenaires ont été formé·e·s à ces thématiques et ont participé à un événement de mobilité internationale pour élaborer un prototype de jeu sérieux, en équipes interculturelles et interdisciplinaires. La première mobilité étudiante, prévue à Anvers (Belgique) en mars 2020, a dû être annulée quelques jours avant la date prévue à cause de la pandémie de Covid-19. Les partenaires ont réussi à vivre la deuxième mobilité étudiante de manière physique à Porto (Portugal) en janvier 2022. A l’issue de ces événements, un concept a été retenu par les partenaires du projet et des membres du jury, externes au projet. Ce prototype a ensuite été finalisé et traduit dans les six langues du projet, après une phase de test dans des établissements scolaires des pays partenaires.

 

Qu’est-ce que ce projet Erasmus+ apporte à votre organisme et à vos bénéficiaires ?

Pour les équipes éducatives :
 Montée en compétences par la formation à l’utilisation de nouveaux outils numériques dans un cadre européen et l’approfondissement de méthodes pédagogiques innovantes ;
 Consolidation du travail interdisciplinaire (SVT, anglais, histoire-géographie, français, documentation, etc.) ;
 Confiance en sa pratique et satisfaction professionnelle.

Pour les élèves :
 Renforcement de l’éducation au développement durable et à la citoyenneté européenne ;
 Développement des compétences clés, dont les compétences transversales ; meilleure compréhension des enjeux contemporains liés au développement durable et aux questions internationales, goût à l’exercice de la citoyenneté européenne ;
 Nouvelles opportunités de motivation et réussite pour les élèves de 14 à 18 ans ;
 Montée en compétences liées aux attitudes : envie d’engagement dans le domaine du développement durable et des relations internationales, de la consommation responsable, savoir-être.

Pour les établissements scolaires :
 Développement de l’ouverture européenne du projet d’établissement ;
 Meilleure identification des responsabilités de direction dans le portage des actions pédagogiques collaboratives et européennes ;
 Amélioration des dispositifs de communication transnationale via les outils numériques ;
 Amélioration du climat scolaire.

Pour les partenaires associatifs et le coordinateur de projet :
 Montée en compétences des chargés de projets partenaires et de leurs équipes, par la formation à de nouvelles activités ou le partage et l’échange de bonnes pratiques 

 

Quelle stratégie avez-vous adoptée pour le dépôt de votre dernier projet ?

Pour le dépôt de nos deux derniers projets  Games for Goals » et « ACCESS »), l’accent a été mis sur le diagnostic des besoins. Ces projets étant des suites de deux projets en cours (JEU et PULSE), nous avons pu déterminer en amont quels étaient les outils et méthodologies d’ECSI qui pouvaient manquer (selon le public cible, la tranche d’âge, le niveau scolaire, le type d’outil, etc.). Il a semblé primordial d’inclure les bénéficiaires de ces projets dans le processus de décision. Des formulaires de diagnostic ont été diffusés et des entretiens plus approfondis ont été réalisés avec des parties prenantes (enseignant·e·séducateurs·ices, associations, etc.). Ce diagnostic à la fois qualitatif et quantitatif nous a permis de rédiger des propositions de projet qui répondent au mieux aux besoins exprimés par les futurs bénéficiaires.

 

Selon vous, est-ce que le dépôt de projet avec Erasmus+ est facile ?

Le programme Erasmus+ est très complet et offre de multiples opportunités pour imaginer et mettre en œuvre des projets correspondant à ses réalités locales et à ses compétences. De nombreux outils et ressources sont à notre disposition pour nous guider tout au long du dépôt de projet. Des interlocuteurs·ices sont également disponibles pour nous accompagner et répondre à nos questions.
Néanmoins, la rédaction d’une proposition de projet Erasmus+ est assez complexe et chronophage, surtout pour les petites structures qui n’ont pas beaucoup d’expérience dans ce domaine. La multiplication des plateformes et des sources d’information empêche parfois de trouver rapidement et facilement les réponses à nos questions. 

 

Qu’est-ce qui vous a aidé dans la construction de votre gestion de projet Erasmus+ ?

Tout d’abord, l’implication de partenaires locaux pour la mise en œuvre des activités est intéressante à prévoir. Ce type de démarche facilite l’atteinte des indicateurs d’impact du projet et améliore l’adéquation des productions avec les besoins et attentes des acteurs de terrain.
De plus, il est nécessaire de bien avoir conscience que chaque partenaire a ses propres priorités. Il est nécessaire d’en tenir compte dans la planification opérationnelle des activités et dans le suivi administratif des justifications des dépenses. Sur le projet JEU par exemple, des règles relatives à l’envoi des pièces justificatives avaient été précisées dans les conventions bilatérales. Par ailleurs, il est nécessaire de passer suffisamment de temps à communiquer sur les éléments de coordination tout au long du projet.
Enfin, la valorisation des réussites et des temps forts du projet permet d’entretenir de bonnes relations de travail qui peuvent déboucher sur un nouveau dépôt de candidature. En effet, la bonne connaissance entre les partenaires et la confiance mutuelle garantissent la qualité du travail en commun et seront un atout dans la candidature.

 

Comment avez-vous trouvé des partenaires européens ? Était-ce facile ?

Le choix des partenaires est conditionné par le type de projets éducatifs menés. Il est essentiel de bien définir le projet en amont afin d’identifier les partenaires qui disposeront des compétences nécessaires pour la mise en œuvre des activités futures.

Points d’attention :
 Se reposer idéalement sur les partenaires avec lesquels on a déjà travaillé sur d’autres projets et qui se sont avérés efficaces et fiables.
 Ne pas continuer à travailler avec les partenaires qui ne respectent pas leurs engagements de manière répétée ou/et ostensiblement.
 Ne pas hésiter à intégrer des nouveaux partenaires, mais en prenant bien le temps de comprendre leur mandat et leurs possibilités d’action concrète. Cela permet également d’élargir les possibilités d’action et d’améliorer ainsi la qualité et la diversité des projets.

 

Comment travaillez-vous avec vos partenaires européens ?

Projet européen Erasmus+ coopération numérique partenariat enseignement scolaireS’accorder sur les rôles et missions de chaque partenaire est fondamental, tout comme le fait de bien estimer le temps que chaque partenaire aura concrètement à disposition pour le projet.

Au cours des projets, les partenaires se réunissent à plusieurs reprises dans leurs villes respectives pour des réunions transnationales de coordination et de suivi des activités du projet. Au quotidien, les partenaires travaillent ensemble par visioconférence. Les outils de communication numérique permettent de maintenir une bonne communication entre les réunions transnationales et les rencontres en présentiel. Un calendrier avec des échéances précises est une base importante de suivi des activités et l’occasion de suivre les partenaires dans leur mise en œuvre. De nombreux outils de gestion de projets peuvent être mobilisés : Twinspace ou Admin (plateforme de travail collaboratif ERASMUS +), mur PadletTrello, Google Drive, diagramme de Gantt, etc.

 

Auriez-vous un/des conseil(s) pour les primo-demandeurs qui souhaitent déposer des projets Erasmus+ ?

Ne pas oublier que l’essence-même du projet européen est d’être collaboratif, il faut donc favoriser une gestion participative : veiller à déléguer aux partenaires et à les associer à l’organisation des événements pour renforcer le sentiment d’appartenance au consortium. Par exemple, créer des sous-groupes de travail sur une thématique, confier l’animation de sessions de réunion transnationale à des binômes de partenaires, etc. ;
Associer le public cible à toutes les étapes du projet, non seulement pour le diagnostic des besoins, mais aussi pour le suivi régulier et de manière approfondie ponctuellement, aux étapes clé de la production.