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Apprendre à ralentir : mon immersion au cœur de la protection migrante à La Paz

CES volet Aide Humanitaire
Bolivie
6 mois
Fundacion Munasim Kullakita

Je m’appelle Laura, je suis travailleuse sociale spécialisée dans les migrations. Durant les six derniers mois, j’ai eu l’opportunité de collaborer avec la Fondation Munasim Kullakita, dans la ville d’El Alto, à côté de La Paz, en Bolivie.

Au sein de la fondation, j’ai participé au projet de protection internationale subventionné par le HCR (ACNUR). Ce projet consistait à travailler avec des personnes en transit migratoire ainsi qu’avec des personnes souhaitant s’installer durablement. Notre but était de renforcer le tissu communautaire pour faciliter leur inclusion dans la culture et la société bolivienne, sans qu’elles perdent leurs racines. J’ai pu y exercer toutes les fonctions propres au travail social.

Concrètement, mon quotidien était très varié : pour les personnes en transit, je faisais du travail de rue pour les identifier et leur remettre des kits d’aide humanitaire, tout en menant des entretiens pour les orienter vers des services spécifiques avant qu’elles ne reprennent la route. Pour les familles installées en Bolivie, nous réalisions des entretiens de suivi, des orientations vers d’autres organismes, un accompagnement selon leurs besoins, ainsi que des ateliers et des activités communautaires.

 

Dans le projet de protection internationale, nous réalisons des entretiens d’accueil et de suivi avec la population migrante.

 

Quelles étaient tes principales hésitations avant de partir ? Qu’est-ce qui t’a finalement convaincue ?

Avant de me lancer dans cette aventure incroyable, j’avais peur. C’était ma première expérience en coopération et j’ignorais ce qui m’attendait. Mes doutes étaient surtout logistiques : la zone serait-elle sûre ? Mon profil serait-il adapté ? Aurais-je assez d’argent pour le quotidien ?

Face à ces inquiétudes, j’ai eu la chance d’être très soutenue. L’équipe de l’ADICE a toujours été attentive, répondant rapidement à mes questions. Parallèlement, Janeth, la coordinatrice de la fondation en Bolivie, a organisé plusieurs réunions avant mon arrivée pour répondre à toutes nos demandes. Ce soutien m’a permis de partir beaucoup plus sereine. C’est pourquoi j’encourage tout le monde à ne pas laisser la peur fixer ses limites : n’ayez pas honte de poser des questions, vous allez vivre une expérience unique. Faites confiance à l’équipe qui vous accompagne.

Comment s’est passée ton arrivée et ton adaptation ? Le moment où tu as su que tu avais fait le bon choix ?

e suis arrivée le 19 juin à La Paz. Célida, notre responsable, est venue nous chercher à l’aéroport en pleine nuit. En arrivant dans la maison où j’allais vivre six mois, tout était prêt : nourriture, boissons et même une carte SIM. La zone était très sûre et calme.

L’adaptation n’a pourtant pas été facile : il m’a fallu deux mois pour m’acclimater. La Paz, le cœur des Andes, est une ville aux codes sociaux et professionnels très différents des miens. À cela s’est ajoutée l’altitude : je vivais à 3 650 m et je travaillais à El Alto, à 4 150 m. Au début, le moindre effort (monter un escalier, marcher en côte) était une épreuve physique et ma digestion en souffrait.

Puis, le déclic est arrivé. J’ai compris que je devais m’adapter : j’ai changé mes habitudes alimentaires, mes horaires et ma façon de travailler. Mes capacités physiques se sont améliorées avec le temps. C’est là que j’ai commencé à m’imprégner de la richesse culturelle et de la sagesse locale. J’ai compris que j’étais exactement là où je devais être.

Le cercle de femmes, basé sur la culture Aymara, est un outil puissant lié à la terre pour lutter contre les violences de genre. J’ai été très fière d’y participer activement.

Qu’as-tu découvert sur toi-même et qu’est-ce que cette expérience t’a apporté ?

C’était la première fois que je partais sans connaître personne, dans une culture totalement différente. J’ai dû faire un vrai travail sur moi pour comprendre des situations qui me heurtaient ou me semblaient difficiles. Aujourd’hui, je me sens plus courageuse et capable de surmonter n’importe quelle situation future.

J’ai appris des valeurs essentielles auprès de la population locale. En Bolivie, le rythme de vie est différent ; on accorde de l’importance à des aspects vitaux que nous oublions souvent. Il faut regarder sans préjugés pour apprendre. Professionnellement, découvrir de nouvelles méthodes de travail a renforcé ma confiance en moi. Je repars avec une assurance qui m’aidera dans chaque nouvelle étape de ma vie.

Un conseil ou une astuce pour ceux qui hésitent ?

Foncez ! On se limite souvent soi-même par peur de ne pas être à la hauteur (le fameux syndrome de l’imposteur), mais c’est en questionnant et en échangeant que l’on trouve la sécurité nécessaire. Partez avec l’esprit comme une page blanche, prêt à être peint, sans barrières culturelles.

Un conseil crucial : soyez patients. Au début, les rythmes boliviens me frustraient car ils étaient différents des miens. Avec le temps, j’ai compris qu’il fallait observer et répliquer plutôt que d’imposer ses méthodes. Les façons de faire ne sont ni meilleures ni pires, elles sont juste différentes. C’est un apprentissage magnifique.

Mon lieu préféré : En randonnée dans les Yungas, profitant des paysages incroyables entre montagnes et jungle que propose la Bolivie !

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