Margot partie 1 an en SVE en Bosnie-Herzégovine
Je suis Margot, tout juste 25 ans. Pour tout dire, j’ai fêté mon quart de siècle en Bosnie Herzégovine, dans la permaculture dans laquelle j’ai été volontaire pendant un an.
À la fin de mes études et après une courte expérience au sein d’une ONG environnementale, moi qui souhaitais être utile et participer à la création d’une société plus durable, j’ai ressenti le besoin de découvrir de nouvelles solutions et expérimenter l’écologie dans sa forme concrète, sur le terrain… Les mains dans la terre et les arbres au-dessus de la tête.
Initialement, il s’agissait d’un projet de Service Volontaire Européen prévu pour une durée de 4 mois. Je ne connaissais rien de ce pays, de sa culture, de sa géographie, ni même de l’expérience de vivre dans une ferme. En somme, beaucoup d’appréhensions en perspective au départ de cette expérience en terrain inconnu.
4 mois, ça me semblait donc être un bon compromis pour prendre le temps d’apprendre l’essentiel, sans avoir à m’engager trop longtemps si l’expérience s’avère ne pas me correspondre.
Au final, j’y suis resté 12 mois, avec un petit surplus.
Située à quelques kilomètres de Mostar, la ferme est animée par une équipe de 4 permanents locaux, ma mentor Vanja et ma tutrice Sanja, ainsi que deux jeunes salariés. Déjà, au sein même de l’équipe règne une atmosphère de solidarité, d’inclusion et d’amitié. Très vite, ils m’ont intégrée et m’ont faire sentir partie de cette petite famille.
Au côté de cette équipe, plusieurs volontaires internationaux sont venus successivement pour des durées variables, de quelques semaines à 3 mois.
En dehors des heures de travail, je vivais seule à la ferme, mais j’avais la compagnie des 7 (puis 8, puis 9) chats, d’un chien, de quatre poules et d’un poisson rouge.
La création d’une permaculture en Bosnie Herzégovine est un projet qui résonne d’autant plus dans le contexte de ce pays, encore fortement meurtri par la guerre et ses tensions communautaires, engagé dans un lent processus de reconstruction et appauvri d’une partie de ses habitants à la recherche de meilleures opportunités en Europe du Nord. Parmi les nombreux défis auxquels la Bosnie doit faire face, la prise de conscience écologique, encore balbutiante, apparait comme un enjeu majeur pour s’assurer un développement durable et protéger l’incroyable richesse de ses sites naturels et historiques et de sa culture singulière.
En sensibilisant au bienfait de la permaculture, au respect de la biodiversité et à la politique d’inclusion, Eko Dizajn joue un rôle essentiel dans la transformation de la communauté.
Lorsque je suis arrivée, j’ai été surprise par les infrastructures dérisoires de récolte des déchets et de recyclage. A la vue des plastiques jonchant le sol et accrochés aux arbres et sachant qu’à peine 4% des déchets sont recyclés, il m’est apparu essentiel d’intégrer un projet destiné à une meilleure gestion des déchets. Avec l’aide du volontaire américain, j’ai introduit les écobriques, des bouteilles d’eau remplit de plastiques à usage unique qui, une fois bien compactes, peuvent servir à la réalisation de murs, bancs ou autres mobiliers. Le projet des écobriques a également été introduit au cours des ateliers organisés avec de jeunes handicapés et lors de la venue des étudiants de l’Ecole internationale de Mostar. Un script avait été écrit pour la réalisation d’une vidéo explicative, cependant le tournage a été suspendu lors de la survenu du Covid-19.
Le projet recyclage s’est ensuite étendu à l’ensemble des activités de la permaculture, de la création de pot à semis en canette à la construction d’un hôtel pour insectes, toujours en utilisant les matériaux à disposition.
La création de compost, le séchage du surplus des fruits et légumes et nos poules étaient autant de moyens de limiter notre production de déchets.
Pour les produits d’entretien et d’engrais pour les plantes, les recettes étaient toutes fait maison : le bio enzyme fait à partir d’écorces d’agrumes, les purins d’ortie et de tomates utilisés comme répulsif, ou encore la lessive au lierre.
Outre l’entretien et le développement de la permaculture, j’ai participé à divers ateliers de sensibilisation auprès de divers publics, de jeunes handicapés, des étudiants, ou des habitants de la ville de Mostar.
Pour accroitre la visibilité et l’action de sensibilisation de la ferme, j’ai écrit quelques fiches pratiques et introductives sur la permaculture, et réalisé des vidéos.
J’ai représenté l’association dans divers évènements internationaux, en Serbie lors d’une conférence sur le thème de l’attractivité des territoires ruraux, et en Russie lors du Parlement Européen des Jeunes pour l’eau.
Enfin, riche de ma longue expérience au sein de l’organisation, j’ai aidé à la coordination et à l’accompagnement des nouveaux volontaires.
Cette expérience a été riche non seulement en nouvelles connaissances, mais également en nouveaux savoir-faire et savoir-être. Toutefois, j’ai été parfois confronté à certaines difficultés. Travailler en équipe de manière générale peut s’avérer compliqué, mais travailler avec une équipe partageant entre eux une langue étrangère rajoute un obstacle supplémentaire. Il était assez frustrant de ne pouvoir s’intégrer pleinement dans un projet à cause de la barrière de la langue. Moi qui souhaitait m’engager dans la rédaction d’une proposition de projet, je n’ai malheureusement pas pu car les interlocuteurs étaient majoritairement bosniens. J’en discuter avec ma tutrice, mais le mieux à faire a été de demander la traduction d’une discussion et d’apprendre les rudiments de la langue pour être capable de saisir quelques informations.
Au terme de cette expérience, ma perception de ce qui est véritablement essentiel s’est affinée et m’a aidé à m’orienter vers un parcours professionnel plus sensé et utile. Elle m’aura aidé à développer de nouvelles compétences et de nouvelles connaissances qui pourraient s’avérer être des atouts majeurs dans le cadre d’une carrière professionnelle.
Apprendre de la permaculture, ce n’est pas seulement protéger ou respecter, c’est se réintégrer dans cette synergie de la nature. Et la voilà notre vocation, reconstruire nos sociétés pour reprendre notre place au sein de cet écosystème, en ramenant la nature dans nos villes, en profitant des bienfaits de la Terre en cohérence avec nos besoins, sans surplus, en reconnaissant le rôle de chaque être vivant pour la pérennité du système dans son intégralité, et non pas seulement au seul bénéfice des hommes. Finalement, tout nous rapporte à la permaculture.
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