Partir pour réaliser ses rêves
Début d’aventure
Après un long voyage, avec une escale en Serbie qui m’a coûté un hors forfait, car même si la Serbie fait partie de l’Union Européenne, il est toujours bon de vérifier les pays inclus dans son forfait mobile avant de partir à l’étranger (et ce n’est pas faute d’avoir été prévenu, lol). Je suis finalement arrivé à Thessalonique le vendredi 3 mai 2024 à 17h. J’avais hâte d’arriver à l’association, de rencontrer les autres volontaires, de voir où j’allais passer les 6 prochains mois et de voir les animaux dont j’allais m’occuper. Autant d’excitation que de stress au début de cette aventure.
En arrivant à Drasi, le diminutif Grec de l’association, j’ai eu un superbe accueil de notre mentor et des autres volontaires déjà présents qui pour la plupart étaient français, c’était une source de stress en moins. Parmi ces volontaires, il y avait aussi une Croate et une Maltaise, j’étais vraiment enthousiaste de pouvoir échanger avec elles afin de découvrir leurs cultures et d’avoir des discussions dans une autre langue, chose que je n’avais jamais faite auparavant.
Vient alors la visite des lieux, j’étais émerveillé dans un premier temps de voir tous les animaux que je n’ai pas forcément l’habitude de voir en France ou alors pas d’aussi près car ce sont des animaux sauvages, et notamment des oiseaux donc difficiles à observer. Puis vient le moment où je réalise que tous ces animaux sont là parce qu’ils sont blessés ou en mauvaise santé, c’est un lourd sentiment que je n’oublierai pas, car on ressent cette atmosphère de souffrance et de peur chez ces pauvres bêtes. En continuant la visite des locaux et de l’endroit où j’allais vivre j’ai vite compris que je devrai rapidement m’adapter à cette nouvelle vie, car entre les odeurs des animaux et la saleté, j’ai réalisé que mon aventure démarrait à ce moment, et que je devais faire abstraction de mon confort. Ce même jour, j’ai eu l’occasion de commencer à découvrir la culture grecque, en assistant à la procession de Pâque Orthodoxe, la principale religion présente en Grèce. J’étais ravi de pouvoir y assister car un de mes autres objectifs en venant faire ce volontariat était de pouvoir m’enrichir culturellement et de découvrir le pays.
- La pool cage fait partie des tâches de l’outside : on y nourrit les animaux et on change l’eau du bassin
- Nos chiens nous accompagnent partout en balade
- Petit hérisson dans la warm room qui prend des forces pour rejoindre ses copains à l’extérieur avant la remise en liberté
Action for Wildlife
Action for Wildlife, c’est un centre de soin et de réhabilitation pour les animaux sauvages présents dans une grande partie du Nord de la Grèce. L’association est une organisation non gouvernementale qui n’a donc malheureusement pas énormément de moyens, mais juste assez pour permettre leur survie ainsi que celle des animaux qui ont la chance de pouvoir se remettre de leurs blessures. Au niveau du personnel travaillant pour l’asso, le nombre est donc forcément limité. Le groupe principal qui s’occupe de Drasi compte 5 personnes, 2 vétérinaires qui ne peuvent pas être là tous les jours, une biologiste et 2 autres personnes chargés des tâches annexes comme le standard téléphonique, passer des commandes pour la nourriture des animaux ou encore de s’occuper de toutes les formalités pour les personnes en volontariat comme moi. C’est pour cela qu’ils ont vraiment besoin de volontaires tout au long de l’année afin de les aider dans les tâches quotidiennes avec les animaux et leur permettre de continuer à faire ce qu’ils font pour la protection de l’environnement. Ils ont aussi la chance de pouvoir compter sur des volontaires Grecs qui viennent aider quand ils le peuvent, que ce soit pour s’occuper des animaux, transporter des animaux blessés ou même apporter la nourriture. Cependant le plus gros du travail est effectué par nous, les volontaires venant par le biais d’un programme européen, car nous sommes présents 5 jours par semaine.
Nos missions sont assez variées, nous devons préparer la nourriture des animaux, en coupant du poulet et du poisson, des fruits et des légumes, nettoyer les enclos, les mangeoires et les cages, nourrir tous les animaux présents, assister les vétérinaires lors des soins et garder l’endroit propre. La majorité des animaux présents sont des volatiles, dont beaucoup de rapaces comme des faucons, des chouettes et hiboux, des buses, des aigles, à qui il faut préparer la portion de nourriture indiqué sous une forme qui leur est spécifique, comme des boulettes de poulet smashé pour les faucons ou des cuisses de poulet pour les aigles. Il y a aussi des tortues pour qui nous préparons des portions de fruits et légumes, des hérissons qui mangent des croquettes avec des morceaux de blanc de poulet. Les journées passent très vite, on ne voit clairement pas le temps passer. Les plannings sont donnés en début de semaine et on arrive à s’arranger entre nous pour répartir le travail et ainsi être le plus efficace possible. Les moments les plus satisfaisants sont les jours où nous allons relâcher des animaux qui ont guéris de leurs blessures et qui sont aptes à retourner à la vie sauvage. Pour certains d’entre eux, ils sont relâchés directement dans le secteur de l’association et pour d’autres ils sont relâchés là où ils ont été trouvés. Je me souviens de la fois où nous avons pu relâcher les renards dont on s’est occupé pendant plusieurs mois, c’était très émouvant car c’est dans ce genre de moment qu’on réalise ce pourquoi on fournit tout ce travail et la fierté de pouvoir les remettre en liberté.
- Moment privilégié de la remise en liberté de deux renards avec le photographe de l’association qui fait également des montages vidéos
- Pause déjeuner pour les 15 hérissons de l’outside, qu’on vient nourrir avec des croquettes et des morceaux de poulet
- Après avoir repris des forces en étant à l’intérieur des locaux, les renards sont placés dans un enclos extérieur avant la remise en liberté
- Force-feeding d’un aigle dans sa big box jusqu’à ce qu’il parvienne à manger seul
Un été mouvementé
Lors de mon arrivée à l’association début mai, je ne savais pas que j’arrivais pour la période la plus difficile de l’année. La période de reproduction des animaux avait déjà démarré et l’été commençait à rendre les choses très compliquées par les fortes chaleurs qui n’ont pas diminué jusqu’au mois de septembre. Pour donner un ordre d’idée, l’asso tient un registre de tous les animaux accueillis depuis le début de chaque année, et pour cette année 2024, 1 900 pensionnaires ont été accueillis jusqu’en septembre, dont plus de 1 300 pour la période de mai à août. Cette forte hausse du nombre d’animaux blessés est évidemment expliquée par la période des reproductions liée à la chaleur qui était vraiment intense. C’est un des étés les plus chauds que la Grèce ait connus avec des températures proches des 40 degrés. Les bébés oiseaux se trouvant dans les nids, n’ayant plus d’air pour respirer se jettent du haut des nids pour trouver de la fraîcheur, et malheureusement, très peu en sorte vivant. Le nombre des feux en Grèce y est aussi pour quelque chose, les habitats naturels des animaux sont détruits, ils ont alors besoin d’être secourus. Il y a dans les locaux, une salle appelée warm room, c’est une salle chauffée à plus de 30 degré de base pour maintenir les bébés au chaud, mais qui n’avait plus besoin de l’être pendant cette période tellement la chaleur était puissante. C’est une des salles préférés de tous les volontaires car on s’occupe des bébés, on les nourrit par le force feeding, qui veut dire qu’on leur met directement la nourriture dans le bec, mais c’est une des salles où un bon nombre des animaux décèdent car les bébés ont beaucoup moins de chance de survit que les adultes. Les premières fois où je découvrais des animaux morts, j’étais très attristé, car on finit par s’attacher à ceux qu’on nourrit plusieurs fois par jours, à ceux dont on s’occupe. Mais par la suite on y est malheureusement vite habitué car beaucoup de décès ont lieu à cette période. C’est aussi compliqué pour nous, car la chaleur et le travail nous fatiguent beaucoup, rester en extérieur la journée est à la limite du supportable. La climatisation est indispensable en été, car la nuit, le temps ne se rafraîchit pas vraiment.
Tout cela est finalement dû à une seule chose, le réchauffement climatique, qui frappe fortement la Grèce. C’est à cause de ce phénomène provoqué par l’homme, que les animaux sont autant menacés et qu’on y subit les étés. Et cela ne fera qu’empirer au fil des années si rien n’est fait. A notre petite échelle, nous avons déjà pris la responsabilité de nous occuper des animaux sauvages impactés par ce réchauffement, et nous avons également réalisé quelques missions de nettoyage de plages, mis en place le tri sélectif, ouvert un composteur. Plein de petits gestes pour l’environnement qui sont simples à réaliser, et s’ils sont vus et reproduits peuvent amener à une réelle prise de conscience pour l’environnement.
Voyages et découvertes
La vie à Drasi est néanmoins très ressourçante, perdu au milieu de la nature afin d’avoir de l’espace pour les animaux, on est à l’abri des nuisances sonore de la circulation, et on s’y sent en sécurité grâce aux 5 chiens qui gardent l’association et les rondes faites par des agents de sécurité. Le cadre est magnifique, entre la vue sur les montagnes et la compagnie des animaux sauvages aux alentours du centre, le dépaysement est total. On s’y sent rapidement chez soi, j’ai pu visiter les alentours avec les autres volontaires, ainsi que les chiens qui nous suivent partout où on va, ils font partie intégrante de notre vie le temps du volontariat. Sur mon temps libre, j’avais pour habitude d’aller avec des volontaires dans le centre-ville de Thessalonique. C’est une ville où il y a beaucoup de choses à faire, à visiter, comme les ruines, les musées, le bord de mer, le port, j’ai eu un réel coup de coeur pour ma ville d’accueil. J’ai aussi pu pendant mes congés visiter la région balnéaire Halkidiki avec une des volontaires venant de Malte, et profiter des plages paradisiaques qui s’offraient à nous. J’ai rejoint des amis en Crête pour profiter d’une semaine de vacances avec eux. Et j’ai organisé un road trip avec deux autres volontaires dans le centre de la Grèce qui nous a permis de voir de nombreux paysages différents, comme les Météores et ses monastères, les gorges de Vikos, l’un des plus grands canyon au monde. Visiter la Grèce était important pour moi afin de découvrir mon pays d’accueil. En plus de tout ces voyages, nous avons eu la chance de faire plusieurs activités avec nos mentors, qui nous ont amené au Mont Olympe passer une journée tous ensemble dans les cascades, c’était une journée incroyable, ainsi que de participer à des festivals typique de la culture Grecque, où nous avons pu goûter la nourriture locale et participer aux nombreuses danses traditionnelles. C’était très important pour moi de visiter la Grèce et de m’enrichir culturellement, car c’est ce qui fait notre propre richesse, l’ouverture au monde et aux autres.
- Un arrêt aux Météores pendant un road trip avec d’autres volontaires
- Un road trip incroyable à Halkidiki, partage avec Sinead, une volontaire venant de Malte
Un premier rêve accompli
Faire ce volontariat a été pour moi une des meilleures décisions que j’ai pu prendre dans ma vie. J’ai pu réaliser ce rêve de partir m’occuper d’animaux dans un centre de soin à l’étranger. J’ai beaucoup évolué grâce à tout ce que j’y ai vécu, j’ai pris confiance en moi, je suis sortie de ma zone de confort, et j’ai vu que j’étais capable de partir seul pour vivre ma vie comme je le voulais. En faisant le bilan de tout ce que ça m’a apporté, en plus d’avoir amélioré mon expression en anglais, j’ai développé des idées sur mes projets futurs et sur ma nouvelle voie professionnelle. Je remercie toutes les personnes qui m’ont accompagné à travers ce volontariat, en commençant par l’ADICE et ma chargée de projet, qui m’ont fait confiance et qui m’ont suivi du début à la fin, tout comme mes mentors sur place et toute l’équipe d’Action for Wildlife. J’ai fait des rencontres extraordinaires, notamment parmi les volontaires avec qui je vivais, j’ai trouvé de véritables amis. J’espère avoir l’occasion, un jour, de retourner à Drasi pour suivre l’évolution de l’association et revoir toutes ces personnes qui ont marqué mon volontariat. Et les chiens aussi, je les aime trop.
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