Pierre-Alexis, Service Civique en Arménie
Avoir fait le choix d’un service civique international en Arménie est assurément l’une des plus belles décisions prises durant les 25 premières années de ma vie. Belle dans le sens où ces 6 mois ont changé ma vision du monde pour toujours… et de quelle manière !
Diplômé d’une école de commerce, je n’avais à l’époque pas pu candidater au programme ERASMUS, faute de moyens. Du moins c’est ce que je croyais … (lorsque l’on désire vraiment quelque chose dans la vie, on fait en sorte de pouvoir l’obtenir). La raison principale était donc tout autre : je n’étais pas prêt mentalement. Pas prêt à me séparer de ma famille, mes amis et cette ville de Lille que j’aime tant. Bref, sortir de ma zone de confort pour un long moment.
A l’inverse, la France commençait aussi à m’irriter, Lille n’avait plus vraiment de secrets pour moi : les gens, les lieux, les atmosphères, tout devenait morose et vide de sens et mon « spleen » lillois commençait sérieusement à me ronger. A la veille de mes 26 ans, diplôme en poche, j’ai pris la décision de partir à l’inconnu.
J’ose le mot « inconnu » car en Occident, les pays du Caucase ne sont pas si populaires que cela et peu de personnes seraient en mesure de pouvoir en parler aussi bien que s’il s’agissait de l’Australie, du Canada, ou de certains pays d’Amérique du sud. Nous entendons souvent parler de ces destinations-là via notre entourage, les reportages-télés ou Internet, mais qu’en est-il de l’Arménie…?
Ce qui fait la reconnaissance de l’Arménie à l’international aujourd’hui , ce ne sont pas forcément ses belles montagnes, ses églises orthodoxes millénaires (quoi que…), son peuple hospitalier, sa cuisine riche et variée et sa culture traditionnelle, mais bien malheureusement le Génocide de 1915 qui a vu l’Empire Ottoman (la Turquie actuelle) chasser et massacrer 1 200 000 arméniens de leurs terres … Je ne chercherais pas ici à en parler plus longuement. Ce n’est pas l’endroit, et surtout, je n’ai pas de connaissances assez précises sur le sujet. C’est aux Arméniens et aux Turques d’avancer sur le problème, sachant qu’a l’heure actuelle la frontière Turco-arménienne est entièrement fermée et les relations diplomatiques sont inexistantes.
En 6 mois, j’ai appris énormément de choses tant sur le plan personnel, professionnel que linguistique. Sur le plan personnel, comme j’étais loin de mes amis et de ma famille, j’ai pu expérimenter une forme de solitude quotidienne et cela m’a permis de consolider l’idée que le bonheur existe bel et bien mais qu’il s’agit d’abord d’aller le chercher seul pour ensuite le partager avec les autres. Que pour l’atteindre, il faut essayer d’être bienveillant et reconnaissant envers tout, même les choses les plus négatives qui soient, en prenant exemple sur les arméniens avec le génocide à savoir : la Résilience. La résilience pour être en paix avec soi et avec les autres afin d’accepter son passé et vivre dans le présent.
Par la même occasion, j’ai appris à mieux me connaitre car immergé dans une culture totalement différente avec sa langue, ses traditions, ses valeurs et sa vision du temps ; il a fallu partager ma vision, s’adapter, faire des concessions, accepter, bref jouer le jeu de l’interculturalité ! Désormais, je suis capable de comparer plus profondément la France avec un autre pays et mieux percevoir les aspects positifs et négatifs de notre société.
Sur le plan professionnel, j’ai compris que le sport était le domaine d’activité qui m’animait le plus. J’ai pu travailler en Arménie dans l’organisation de triathlons et dans le développement d’une application mobile de randonnée. Le sport a en effet ce pouvoir de fédérer peu importe les âges et les milieux sociaux. Les valeurs qu’il prône sont l’abnégation, la combativité et le surpassement de soi. Et les bienfaits qu’ils produisent sur la santé physique et mentale sont scientifiquement prouvés. Il n’y a pas à dire : le sport est essentiel à la vie. L’Arménie a consolidé cette idée en moi et c’est désormais sur ce chemin là que je vais avancer d’un point de vue professionnel.
Enfin, l’Arménie m’a apporté beaucoup d’un point de vue linguistique. J’ai appris une nouvelle langue : l’arménien. Je suis capable de comprendre et me faire comprendre par la population locale via une langue millénaire. J’ai aussi bien amélioré mon anglais puisque tous les jours j’étais en relation avec des volontaires venant du monde entier mais aussi au contact de la diaspora arménienne venant des quatre coins du monde.
Voilà, je crois avoir fait à peu-près le tour de la question même si il y a encore tant de choses à dire sur ce pays. Je conseille à n’importe qui de le visiter que ce soit pour quelques jours ou plusieurs mois. Cette région du monde est magnifique et se situe surtout à un carrefour de civilisations : l’ex-URSS au Nord, l’Occident à l’Ouest, l’Iran et l’Asie à l’Est et les pays d’Orient au sud…
Merci encore à l’ADICE pour la qualité d’accompagnement et d’écoute dont ils font preuve, merci à AVC pour son accueil chaleureux et son suivi quotidien et enfin merci à toutes les personnes venant du monde entier que j’ai eu l’opportunité de rencontrer. Il n’était question que de sourires et de partages ! Merci
Pierre-Alexis Firmin
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