Pourquoi la santé mentale des jeunes est-elle une priorité nationale ?
En France, la santé mentale des jeunes est un enjeu majeur pour les pouvoirs publics, devenant grande cause nationale pour l’année 2025. La dégradation des conditions psychologiques chez les jeunes, exacerbée par la crise sanitaire du COVID-19, a mis en lumière des problématiques touchant à la fois leur bien-être personnel, leur avenir professionnel et la cohésion sociale. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne sur trois souffrira d’un trouble psychique au cours de sa vie et les jeunes sont parmi les plus exposés (OMS, 2023). Face à cette situation, il est impératif de considérer la santé mentale des jeunes comme une priorité nationale.
Une crise sanitaire silencieuse : les chiffres alarmants
Les données récentes sont sans équivoque. En 2024, une étude de Santé publique France révèle que 13 % des enfants de 6 à 11 ans présentent un trouble probable de santé mentale. Chez les adolescents et jeunes adultes, les chiffres sont encore plus préoccupants : les pensées suicidaires ont doublé entre 2014 et 2021, passant de 5 % à 11 % (Santé publique France, 2024). De plus, le suicide reste la première cause de mortalité chez les 15-35 ans en France, avec près de 8 300 décès annuels (INSERM, 2023).
Ces données montrent que les jeunes sont particulièrement vulnérables. Cette crise silencieuse entraîne des conséquences profondes, non seulement sur leur santé globale, mais aussi sur leur capacité à s’intégrer pleinement dans la société et le marché du travail.
Les conséquences sur l’éducation et l’emploi
En effet, la santé mentale des jeunes influence directement leur parcours éducatif et leur insertion professionnelle. Selon une enquête de l’Observatoire national de la jeunesse (2023), près de 30 % des étudiants en formation professionnelle rapportent des symptômes d’anxiété ou de dépression. Ces troubles psychiques entraînent une baisse importante des performances scolaires, une augmentation des absences et un risque accru de décrochage.
Sur le plan professionnel, les jeunes souffrant de problèmes de santé mentale rencontrent davantage de difficultés à s’insérer sur le marché du travail. En effet, les troubles comme l’anxiété ou la dépression affectent la capacité à gérer le stress, à travailler en équipe et à maintenir une productivité constante (Santé publique France, 2023). Ces éléments mettent en lumière l’importance de prévenir et de traiter ces troubles dès le plus jeune âge pour éviter des conséquences à long terme sur leur avenir.
Un impact économique et sociétal considérable
La santé mentale des jeunes n’a pas seulement un impact individuel : elle constitue également un enjeu économique majeur. En France, les troubles psychiques représentent le premier poste de dépenses de l’Assurance Maladie, avec plus de 23 milliards d’euros par an (Santé publique France, 2023). Ces coûts incluent les soins médicaux, les arrêts de travail et la perte de productivité.
Au-delà des considérations économiques, les conséquences sociétales sont également importantes. Les jeunes en souffrance psychique sont plus susceptibles de vivre des situations d’isolement social, d’avoir des relations conflictuelles ou de sombrer dans des comportements à risque. Ces phénomènes contribuent à affaiblir le tissu social et accentuent les inégalités.
La réponse nationale : des initiatives à renforcer
Face à ces constats, le gouvernement français a pris des mesures importantes pour faire de la santé mentale une priorité nationale. En 2025, la santé mentale a été déclarée « Grande Cause Nationale », avec trois objectifs clés :
Campagnes de sensibilisation et déstigmatisation
L’une des premières étapes consiste à déstigmatiser les troubles psychiques. Des campagnes nationales, diffusées à la télévision, sur les réseaux sociaux et dans les écoles, visent à encourager les jeunes à demander de l’aide sans crainte. Par exemple, l’initiative « Parler pour aller mieux », lancée en 2023, a touché plus de 5 millions de jeunes via des messages clairs sur l’importance de la santé mentale.
Renforcement des services de soins
Pour répondre à la demande croissante, des centres de santé mentale spécialisés pour les jeunes ont été ouverts dans plusieurs régions. Ces centres proposent des consultations gratuites ou à tarif réduit, des services d’urgence psychologique et des programmes de thérapie cognitive adaptés. Dès janvier 2025, chaque français pourra également bénéficier de 12 séances de psy gratuites par an. La prise de rendez-vous pourra directement être faite auprès d’un psychologue. Il ne sera plus nécessaire d’avoir une prescription de son médecin au préalable.
Le nombre de psychologues scolaires a augmenté de 30 % entre 2022 et 2024, permettant un meilleur repérage des troubles dès l’école primaire. Le gouvernement prévoit aussi de numériser certains services pour offrir un soutien accessible à tout moment.
Intégration de la prévention dans les écoles
En plus de l’augmentation du nombre de psychologues scolaires, les programmes scolaires incluent désormais des modules spécifiques sur la gestion des émotions, la résilience et la communication interpersonnelle. Ces initiatives visent à armer les jeunes face aux stress de la vie quotidienne et à prévenir les troubles psychiques avant qu’ils ne deviennent graves.
Des études ont montré que ces programmes, lorsqu’ils sont bien implantés, réduisent les symptômes d’anxiété de près de 20 % chez les jeunes (Observatoire de la jeunesse, 2024).
Conclusion : Une priorité nationale nécessaire
La santé mentale des jeunes est au cœur des enjeux sociétaux contemporains. Les chiffres alarmants, combinés aux conséquences sur l’éducation, l’emploi et la société dans son ensemble, justifient pleinement que cette problématique soit traitée comme une priorité nationale. Si des progrès significatifs ont été réalisés, il reste encore beaucoup à faire pour offrir à chaque jeune les moyens de s’épanouir dans un environnement bienveillant et inclusif. Le projet européen MIND, coordonné par l’ADICE, s’inscrit dans cette dynamique en proposant des outils innovants pour accompagner les jeunes dans le secteur de l’enseignement et de la formation professionnels.
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MIND
Le projet MIND vise à renforcer la capacité des professionnels de l’EFP à mettre en œuvre des meilleurs pratiques en matière de santé mentale et à promouvoir le bien-être socio émotionnel des apprenants de l’EFP en mobilité internationale.
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